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Récits et analyses de journalistes sportifs en devenir


Le naufrage

Publié par Thomas Giraudeau sur 9 Juillet 2014, 00:33am

Catégories : #Coupe du Monde 2014

L'absence de Thiago Silva a lourdement handicapé une défense auriverde aux abois. © Getty Images

L'absence de Thiago Silva a lourdement handicapé une défense auriverde aux abois. © Getty Images

Chanceux et transfiguré depuis le début de la compétition, le Brésil semblait presque inarrêtable. Mais la grinta ne fait pas tout. La Seleçao est laminé par une Mannschaft exceptionnelle (1-7). Ce match est déjà rentré dans l'histoire.

Le pays du football peut-il se relever d'une telle déroute ? Comme le Maracanazo de 1950, la Seleçao va-t-elle se traîner pendant des décennies ce 8 juillet 2014 ? Probablement, au vu de la prestation catastrophique qu'a produite l'équipe sud-américaine hier soir.

La dramaturgie était là, mais cette fois-ci en défaveur de la Seleçao. A l'entrée des équipes sur le terrain, le stade de Belo Horizonte est prêt à exploser. Ambiance incroyable, hymne chanté a cappella pour partie. Des images habituelles depuis le 12 juin. Mais quelque chose cloche. Une forme de veillée funèbre avant l'heure. Julio Cesar et David Luiz brandissent le maillot de Neymar, comme si l'idole du pays avait brutalement quitté ce monde. Son absence, conjuguée à la suspension de Thiago Silva en défense centrale, ont sonné le glas d'une équipe brésilienne bien trop faible depuis le début du Mondial.

La défense auriverde a tenu, en tout et pour tout, dix minutes. Sur corner, Müller, seul au second poteau, et bien aidé par David Luis, peut tranquillement ouvrir le score du plat du pied (0-1). Pendant dix minutes, les Brésiliens peuvent encore espérer quelque chose dans cette partie. Mais brouillons en attaque et complètement inexistants au milieu de terrain, les auriverde sont punis dès la 23ème minute. Klose, bien placé sur le côté droit, s'y prend à deux fois pour battre Julio Cesar (0-2). Ce but marque le début d'un des plus terrifiants calvaires de l'histoire du football. En six minutes, la Seleçao encaisse quatre buts. Quelques secondes à peine après le but de Klose, c'est Kroos qui, seul dans la surface, reprend tranquillement un centre fuyant de Lahm (0-3). Deux minutes plus tard, Kroos trouve encore la faille dans une défense brésilienne aux abonnés absents (0-4). A la 29ème minute, Khedira achève définitivement ses adversaires depuis le point de penalty (0-5).

La messe est dite. La manière avec laquelle les Allemands jouent à la ba-balle dans la défense auriverde est tout bonnement hallucinante. On savait cette équipe du Brésil très faible. Sans Neymar ni Thiago Silva, elle ne vaut plus rien. Une pointe d'espoir émerge cependant au début de la seconde mi-temps. Les Brésiliens enchaînent quatre actions dangereuses mais Manuel Neuer est bien décidé à dégoûter ses adversaires. A la 53ème minute, il réalisé notamment un double arrêt fabuleux devant Paulinho. Huit minutes plus tard, Julio Cesar l'imite sur une superbe frappe du pied gauche de Thomas Müller. Mais à la 70ème minute, le portier brésilien ne peut rien face à Schürrle et ses partenaires, qui jouent à la passe à dix dans la surface adverse (0-6). Les Allemands n'ont définitivement aucune pitié, et Schürrle fait encore un peu plus rentrer ce match dans l'histoire, en infligeant un septième but à la Seleçao (79e). En fin de match, Oscar corrige quelque peu le tableau d'affichage en trompant enfin Neuer (1-7).

 

La fin d'une ère

L'Allemagne est en finale, enfin. Depuis 2006 et le magnifique parcours de la Mannschaft chez elle, durant SA Coupe du Monde, on attendait que cette équipe atteigne enfin la finale d'un Mondial. C'est chose faite, face à un Brésil qui a, hier soir, perdu les pédales. Tout un symbole, entre une équipe sud-américaine qui a définitivement enterré son jogo bonito, et une équipe allemande maître de son jeu, ultra-rapide et incroyablement réaliste.

La fin d'une ère dans l'histoire du football mondial. Le Brésil mettra des années, peut-être plusieurs décennies pour se remettre de ce naufrage collectif et individuel. Car la défaillance n'est pas seulement celle de onze joueurs et d'un coach. Elle est aussi le symbole d'un pays du football qui, en s'ouvrant à l'Europe et en envoyant ses meilleurs éléments sur le vieux continent, en a perdu son âme. Le football brésilien, le vrai, s'est éteint ce soir. Pour renaître, on l'espère, dans les prochaines années.

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